PRESENTATION DE L’ICÔNE DE LA MERE DE DIEU
"REGINA DECOR CARMELI”
Carmel de la Théotokos et de l’Unité – Harissa \ Liban
La composition de cette icône est nouvelle et adaptée au mystère de la Mère de Dieu "Regina Decor Carmeli" qu’elle cherche à exprimer; elle est cependant construite sur un type iconographique traditionnel: celui de la Vierge “Rempart de la Cité”, vénérée très tôt à Constantinople et connue plus tard sous le vocable de: “Vierge du Signe” (conf. Isaïe 7,12). La Théotokos y est représen¬tée en attitude d’orante, portant sur sa poitrine “l’imago clipeata”, l’icône bouclier, avec l’Emmanuel.
Différents éléments symboliques du cosmos et de la Bible intègrent la compo¬sition et suggèrent les lignes maîtresses de son message. La Mère de Dieu s’élève sur une nuée au-dessus de la mer. Derrière Elle le Mont Carmel est orné de différents symboles biblico-cosmiques. La figure centrale de la Mère de Dieu qui occupe pratiquement tout l’espace de l’icône est symétrique: sa structure repose sur une croix surmontée d’un triangle à côtés égaux. La croix divise verticalement l’icône en deux parties égales tandis que son axe horizontal part d’une poignée à l’autre de la Vierge, le point d’intersection étant à un douzième de sa stature. Des extrémités de la croix au sommet de la tête de la Vierge un triangle aux côtés égaux peut être tracé.
Cette structure en pointe de flèche suggère un mouvement ascensionnel de plus en plus glorieux comme il convient à Celle qui est Immaculée Conception et qui a été enlevée dans une glorieuse Assomption.
L’icône est basée théologiquement sur une vision de Foi. Cette vision n’est pas une réalité palpable pour émouvoir les sens mais elle offre des signes qui pointent vers l’Insaisissable. Elle se rattache directement à la tradition prophéti¬que dont Élie est le Patriarche et le Carmel l’héritier. Cette Foi, que les maîtres du Carmel présentent comme l’unique moyen adapté à la transcendance divine et permettant de s’y unir, nous a été transmise par le Nouvel Adam et la Nou¬velle Ève, Jésus et Sa Mère Premier-Né de l’humanité nouvelle créée selon Dieu dans l’Esprit. Jésus n’est-il-pas le “Chef de notre foi qui l’amène à sa perfec¬tion?” (Héb. 12,2); et Marie n’est-elle pas la Bienheureuse “parce qu’Elle a cru” méritant ainsi les arrhes de notre propre béatitude? D’ailleurs I’Économie entière du Salut “l’Oeuvre de Dieu” comme dit Jésus ne consiste-t-elle pas à nous amener à “croire en Celui qui L’a envoyé”.
C’est dans cet éclairage qu’il faut nous approcher d’une icône qui voudrait condenser quelque chose de la sève si riche du Carmel qu’il puise dans le mystère même de la Mère de Dieu “Regina Decor Carmeli”.
Parcourons à présent les différents éléments de la composition.
L’icône illustre un épisode biblique: le “signe” de la pluie qu’obtint Élie priant sur le Carmel, recroquevillé en forme d’embryon comme pour représenter l’homme dans sa pauvreté intrinsèque. L’icône représente ce “signe” d’après l’exégèse carmélitaine du passage biblique. Comme il arrive souvent dans le Texte Sacré, le signe de la pluie ne se référait pas uniquement à celle qui allait faire cesser la sécheresse, il visait une réalité plus haute à savoir: la naissance d’une Femme Immaculée bien qu’issue de la mer amère et stérile de l’humanité corrompue. De cette “nuée” jaillirait la pluie fécondante qu’est le Messie.
Notons que dans le contexte de notre icône, la nuée est une réponse à l’impuis¬sance de l’homme devant la sécheresse, la pluie descend pour féconder le désert. De fait le désert où l’homme chemine depuis son exil au paradis est le lieu qui ne peut être fécondé que par la pluie qui “descend d’en haut”. La terre aride et dont le sein est desséché attend du ciel son salut. Cette pluie symbolise la Parole de Dieu agissante et fécondante, elle est issue de la Nuée qui est la Vierge à l’ombre de l’Esprit, nuée calquée sur la Nuée. Dans le Cantique Spirituel de Saint Jean de la Croix c’est le vent “Austro” qui suscite la pluie et symbolise l’Esprit Saint.
Sur l’icône, la Mère de Dieu est “portée” par la nuée qui la symbolise. Elle surgit de la mer, mais c’est pour distiller sur la terre l’eau douce du salut. Notons que, alors que le ciel et la terre seront renouvelés et que les luminaires seront substitués par la Lumière divine, la mer est l’élément cosmique qui n’existera plus dans les siècles à venir. (cf. Apoc. 21,1). Elle a le même sort que les ténèbres et la nuit. Ceci confirme l’exégèse carmélitaine qui voit dans la mer le symbole de l’humanité envahie par la corruption et qui ne peut être régénérée qu’à partir d’une “Immaculée conception” d’où jaillira le “Saint” Fils de Dieu. La mer n’est-elle pas l’habitat du Dragon? C’est d’elle aussi que surgit la Bête qui incarnera l’action du Dragon parmi les hommes. (cf. Ap. 13,1). L’icône représente cette mer comme un abîme aux traits fuyants.
La nuée fait contraste avec l’obscurité de la mer et symbolise non seulement la pureté ontologique de l’Immaculée Conception mais aussi l’intégrité existen¬tielle de Celle qui est la première vierge consacrée au Seigneur, “à l’imitation d'Élie” dira très audacieusement l’Institution des premiers moines. C’est à cause de sa consécration virginale qu’Élie est considéré comme le Père des moines en général et comme fondateur des Carmes en particulier. Le carmel est, de par sa relation charismatique à la Mère de Dieu et au prophète Élie, un témoin privilégié de la mission prophétique inhérente à l’état de virginité consacrée par vocation il manifeste dans l’Église les ultimes conséquences de cet état qui anticipe l’ère eschatologique.
La Mère de Dieu apparaît sur l’icône comme étant le “signe” par excellence révélé aux prophètes et proposés à notre Foi. Le passage biblique de la petite nuée n’est pas épisodique au carmel. Il appartient à sa veine charismatique la plus profonde: celle qui veut que le Carme soit “fils des prophètes”. Or n’est pas prophète qui prédit l’avenir mais le vrai prophète est celui qui reçoit la Révéla¬tion de la part de Dieu et transmet l’oracle en son nom. Cette Révélation est toute tendue vers le Christ. Notre Père Saint Jean de la Croix le rappellera avec force: Il est la clé et le contenu ultime de toute vision et de toute prophétie. Sur l’icône l’Emmanuel tient le rouleau des prophéties dont Il est l’accomplissement, Lui, l’Amen de Dieu.
Le Carmel est l’héritier charismatique du prophète Élie, il est, par le fait même spécialement rattaché à la “Venue du Christ” dont Élie fut le précurseur. De cette venue Marie est la Porte, le Trône et le Char, suivant la symbolique des Pères de l’Église. Ce n’est donc pas par hasard que la filiation élianique du Carmel -rattachée à l’épisode de la nuée- est comme couronnée par une réfé¬rence nouvelle de la Mère de Dieu: “Totus Marianus est Carmelus”.
Celle qui est tout au Carmel apparaît sur l’icône revêtue de l’habit carmélitain qui a hérité des melotes des prophètes et des pères du désert. Cette similitude dans la livrée suggère une identité commune de vie et de vocation. Les Carmes ont très tôt exprimé cette réalité en appelant la Vierge "notre Grande Sœur" Les ermites du Mont Carmel exilés en Europe furent violemment critiqués pour oser s’appeler “Frères de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel”. Ce fut la Mère de Dieu Elle-même qui confirma l’Ordre naissant dans cet élan charismatique à “s’apparenter” à son Mystère. Elle adopta pour ainsi dire l’Habit des Carmes ou plutôt manifesta qu’il était le sien, le leur redonnant chargé d’une fonction quasi sacramentelle. Elle dit à Saint Simon Stock dans la célèbre apparition: “Reçois ce Scapulaire. Voici le privilège que je te donne, à toi et à tous les enfants du Carmel. Quiconque meurt revêtu de cet Habit sera sauvé.”
C’était le 16juillet 1251. Sur l’icône la Reine du Carmel nous donne ce Scapu¬laire dans le même mouvement d’intercession qui l’a arraché au Cœur de Dieu comme preuve suprême de sa sollicitude maternelle pour le salut de chacun de ses enfants.
La bure brune de la robe et du scapulaire que porte la Vierge est caractérisée par une sobriété quasi austère. Ceci exprime la participation de la Vierge à tous les états de l’homme déchu hormis le péché. A l’instar du Christ, Agneau portant le péché du monde, Marie a eu le cœur transpercé devant la contradiction subie par Son Fils de la perte des pécheurs. Elle a vécu le “désert’ de la Foi. Le manteau blanc dont l’éclat tranche avec la sobriété de la robe symbolise les privilèges que Marie a reçus de Dieu et dont elle orne ses enfants en tant que Mère de la grâce.
Les traits de la robe et du scapulaire sont effacés et tranquilles, ceux du manteau sont fougueux et décidés. La masse des plis du manteau sur la poitrine se déverse comme une cascade en direction de l’Emmanuel. Il est vraiment le centre d’où tout part et où tout reflue. Tel est bien la fonction de la Mère.
Notons que la robe et le scapulaire sont rehaussés de glacis bleus. Ce n’est pas pur hasard, le bleu a été considéré dès l’antiquité comme la couleur qui exprime l’impénétrable de la transcendance divine. Cette transcendance implique de la part de l’homme une approche apophatique de Dieu. On ne saurait connaître de Dieu que ce qu’Il n’est pas, ce qu’Il est par essence est ineffable, incommunica¬ble et insaisissable autrement que par la Foi. Marie est donc comme illuminée par cette Foi avec laquelle Elle a attendu et accueilli le don de Dieu dans le désert de Sa vie terrestre. Cette lumière jaillit de Sa vie intérieure, toute livrée mais elle l’enveloppe aussi tout entière.
Le manteau blanc est orné lui aussi des reflets de la Foi. Une “assiste” d’argent lui donne une luminosité miroitante comme la lune en son plein. Dans la symbolique biblique et sanjuaniste l’argent signifie la Foi. Le docteur mystique parle dans le Cantique Spirituelle des surfaces argentées de la Fontaine cristalline qui symbolisent la vie de Foi. Le manteau de Marie qu’Elle ouvre comme une tente pour abriter ses enfants est tissée de cette Foi qu’elle transmet à ceux qui suivent ses traces. Faisant écho à la voix du Père: “Celui-ci est Mon Fils Bien-Aimé, écoutez-Le”, Elle complète la consigne divine de la Foi par ces mots: “Tout ce qu’Il vous dira faites-le”. Écoutez-la Parole, l’accueillir, la mettre en pratique: voilà le chemin de la vraie mystique chrétienne, celle qui aboutit par l’union transformante à la déification de l’homme.
Sur l’icône la Très Sainte Mère de Dieu porte l’Emmanuel, “Dieu avec nous” et apparaît comme le Trône, mieux comme la vraie Cité du Dieu vivant qu’Ezé¬chiel nommera “Dieu est là”. Notons que seul l’Emmanuel est habillé d’or. La vierge n’en a que sur les bandes ornementales qui soulignent son appartenance à l’Ordre hypostatique par sa fonction de Théotokos et sur ses chaussures que l’iconographie byzantine lui a toujours fait porter car elle montre qu’Elle est la Reine qui a toujours accès auprès du Roi de Gloire, non comme Moïse qui devait se déchausser avant de fouler la terre sacrée: or Marie est la Terre Sacrée par excellence où habite Dieu et d’où Il surgit comme Soleil de Justice. Rappe¬lons que l’or est la couleur du soleil et il symbolise la Gloire et la Majesté royale de Dieu. La relation privilégiée à l’Humanité du Christ sera vécue par le Carmel - à l’imitation de la Nouvelle Eve, et dans le sillage d’Élie- comme une communion effective au devenir eschatologique du Nouvel Adam.
La petite grotte de forme carrée à notre gauche symbolise la nuit des sens. Située au bas de la montagne elle est le premier creuset où l’argent, c’est-à-dire notre Foi va être purifiée grâce à la réforme des facultés sensitives. Cette nuit peut être comparée à celle que traversa la Vierge lors de la première absence ou éclipse de Jésus perdu trois jours et trois nuits dans le “labyrinthe du Temple”, selon l’expression de Philoxène de Maboug. On peut aussi lui comparer le sacrifice d'Élie sur le Carmel qui, par le feu du ciel, prouva que Yahvé est Dieu et rétablit la Foi d’Israël. C’est cette Foi qui va engendrer, dans le processus de purification de l’homme la nuit totale.
La nuit totale ou ténèbres de minuit (Montée 1 ; chap2, 5) est représentée par la grande grotte à notre droite, de forme triangulaire. Elle est signifiée aussi par l’absence de reflets d’argent sur les pans intérieurs du manteau de la Vierge, ceux qui sont les plus proches de l’austère zone brune rehaussée de bleu.
Entre les deux grottes il y a la pente escarpée du Mont Carmel qui suggère une montée animée par l’Espérance qui seule, engendre le dépouillement total, le Rien. Après quarante jours et quarante nuits -qui signifient la plénitude du temps de l’épreuve ou de l’attente- comme Élie, l’âme entrera dans cette grotte de pierres.
Au-dessus de la petite grotte de gauche nous voyons un arbre dont les feuilles en forme de flammes sont dirigées par un vent invisible vers le sommet de la montagne. Cet arbre, un térébinthe, symbolise l’âme mue par l’Esprit; il plonge ses racines dans les profondeurs de la grotte.
Au dessus de la grotte de droite nous voyons aussi un arbre c’est la croix, vrai arbre de vie, signe de la victoire de l’amour sur toutes les formes de mort. Rappelons que la façon habituelle de désigner la croix en grec est de l’appeler “to xylon” -le bois, l’arbre- et non “o stavros” la croix. La croix, arbre de vie est gage du retour au Paradis perdu, son fruit est la gloire, la vie éternelle.
La nuit de l’esprit est le creuset de l’or c’est à dire de la Charité qui envahit la substance de l’âme et la transforme en Dieu -Amour. En Lui l’âme est tout et a tout. Cette charité apparaît au milieu de la grotte sous forme d’étoile, symbole royal, scintillante comme le feu.
La Croix sur l’icône est entourée de deux autres étoiles en argent. Elle symbo¬lise la Foi et l’Espérance qui ont servi à attirer l’âme vers le haut jusqu’à la consommation de l’Alliance où seul subsistera l’Amour. C’est pour cette raison que l’étoile symbolisant la charité est en or et les deux autres en argent.
C’est ainsi que l’icône de Notre Dame “Regina Decor Carmeli” fait converger et culminer ces éléments symboliques vers le symbole officiel du Carmel qui est son blason.
L’icône nous présente la Vierge Marie comme le Témoin par excellence, Elle qui “gardait toutes ces choses en son cœur”. Elle vient à nous dans la plénitude de son mystère d’Ève nouvelle communiant aux états existentiels du Nouvel Adam et appelant ses fils à la suivre dans cette glorieuse carrière de l’Amour source de gloire.
C’est vers ces hauteurs que nous attire la petite nuée entrevue par Élie sur le Carmel. Puisse la contemplation de l’icône de la Vierge “Regina Decor Car-meli” susciter dans beaucoup de cœurs la Foi de la Vierge fidèle qui a su reconnaître la Venue du Seigneur et l’a accueilli devenant par là Mère féconde emportée dans la gloire pour l’honneur de l’Époux et la Gloire du Père. Sur cette montagne -dit le dessin symbolique de la Montée du Carmel- Seuls résident l’honneur et la Gloire de Dieu.
MINIATURES
Notre Père Saint Elie
Nous voyons Elie dans sa grotte contemplant la nuée. La Mère de Dieu apparaît sur l’icône comme étant le signe par excellence révélé aux prophètes Elle et proposé à notre foi. Le carmel est, par vocation, investi de l’esprit prophétique d’Elie. Le fondateur du Carmel, selon la tradition carmélitaine, est Elie le prophète “celui qui est rempli d’un zèle jaloux pour Yahvé Sabaot” il est aussi celui qui entrevit dans la nuée l’image de la Vierge Mère par qui viendrait le salut sur le monde. Sur le Mont Carmel et tout au cours des siècles le culte du prophète Elie est demeuré vivant. Il est vrai qu’il a été tout d’abord considéré par tous comme le Père et le modèle même de l’érémitisme. Cette tradition s’est maintenue fortement sur les pentes du Mont Carmel où de petits groupes de solitaires au cours des siècles s’essayaient de mener une vie de silence et de retrait total du monde.
Le prophète Elisée
Elie dit à Elisée “Que puis-je faire pour toi ?, et Elisée de répondre: “Que me revienne une double part de ton esprit’. Le double esprit du prophète, esprit d’action et de contemplation passa en ligne directe à Elisée et à tous ceux qui avec lui habitent le Carmel. Sur l’icône nous voyons Elisée avec le manteau d’Elle entre les mains partageant les eaux du Jourdain en deux. Ce signe ne fut rien d’autre que la confirmation aux yeux des autres prophètes qu’Elisée avait bien hérité d’une double part de l’esprit d’Elie. C’est alors que les frères prophètes vinrent à sa rencontre et se prosternèrent à terre devant lui. Ce double esprit est donc passé à Élisée et à tous ces prophètes qui avec lui habitent le Mont Carmel, et cela non seulement au temps de l’Ancienne Alliance mais aussi au cours de la Nouvelle (conf. P. Silverlo).
Saint Jean Baptiste
“En vérité je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a pas surgi de plus grand que Jean le Baptiste Tous les prophètes en effet, ainsi que la Loi ont mené leurs prophéties jusqu’à Jean. Et si vous voulez m’en croire, il est cet Elie qui doit revenir.” Jésus lui-même atteste cette similitude si étroite qui existe entre Elie et Jean et confirme ainsi qu’il est vraiment de la lignée D’Elie. Jean dès le sein d’Élisabeth sut reconnaître en Marie la porteuse du Salut, il tressaillit de joie dans le sein de sa mère à qui l’Esprit Saint révéla qu’elle se trouvait devant la Mère de son Seigneur. Comme Elie il put voir non à travers la nuée mais à travers Marie Elle-même le salut déjà parmi nous. il est celui qui se réjouit, car “qui a l’épouse est l’époux 1 , mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie et elle est complète”. A Jean le prophète fut donnée la joie de préparer les chemins du Seigneur et de Le voir. Mais comme tout prophète Il eut à passer par sa nuit obscure et Il envoya ses disciples demander à Jésus s'il était vraiment celui qui doit venir. Il eut aussi droit à sa récompense de prophète qui n’est autre que le martyre.
Jean le bien-aimé
Le Baptiste désigna Jésus du doigt en disant: ‘Voici l’Agneau de Dieu”. Deux de ses disciples dont Jean à partir de ce jour suivirent le Seigneur. Dès le départ en tant que disciple du Baptiste Jean est inséré dans cette lignée de ceux qui attendaient le Christ en faisant siennes les indications de Jean invitant à la repentance et à la conversion. Comme Elie et Jean il fut le disciple vierge qui put ainsi suivre son Maître sans partage jusqu’au pied de la Croix .C’est là qu’il reçut les dernières paroles de Son Maître Divin et qu’il devint le fils de Marie :"Femme voici ton fils” "Voici ta Mère". Dès cette heure là le disciple l’accueillit chez lui. Après avoir reposé sur le Cœur du Maître, à l’école de Marie il apprit à vivre dans la Foi la plus pure les mystères proposés par celle-ci et transmit à toute l’Église le message du Maître qu’il avait médité à l’ombre de la Toute Sainte dans le silence et la contemplation.
Saint Berthold de Mallfaye.
En 1185, Phocas, pèlerin grec pérégrinant en Terre Sainte, signale au Mont Carmel une chapelle reconstruite par un saint homme venu de la Calabre qui a groupé une dizaine de frères autour de lui. Ce même pèlerin ajoute: ‘Vient ensuite le Mont Carmel dont il a été si souvent parlé dans l’Écriture. La montagne s’élève au bord du golfe qui infléchit sa courbe entre Ptolémaïs et Caïfa; elle prolonge en retrait ses derniers contreforts jusqu’aux limites de la Galilée. A l’extrémité du promontoire qui regarde la mer, on voit la grotte du prophète Elie. A cet endroit il y eut autrefois un grand édifice dont les ruines existent encore; le temps qui n’épargne rien et les invasions de l’ennemi l’ont presqu’entièrement dévasté. Depuis peu de temps un moine aux cheveux blancs, revêtu de la dignité sacerdotale et venu de Calabre, fixa sa demeure, à la suite d’une vision du prophète Elie, dans les masures du monastère; il y construisit un petit rempart avec une tour et une chapelle, et réunit environ dix frères autour de lui.” Jacques de Vitry, évêque de Saint Jean d’Acre mentionne d’autre part dans son histoire rédigée en 1200: “Des hommes saints.
. .à l’exemple de cet homme saint et solitaire, le prophète Elie, vivaient sur les pentes du Mont Carmel et principalement dans cette portion de la montagne qui domine la ville de Porphyrie, aujourd’hui appelée Caïfa, auprès de la fontaine d’Elie, habitant dans les rochers de petites cellules, et tels que les abeilles du Seigneur, faisant du miel d’une douceur.” il semble que cet homme aux cheveux blancs ne serait rien d’autre que Saint Berthold de Malifaye neveu du patriarche latin d’Antioche Aymenc de Mallfaye qui aurait rédigé une règle de vie pour ces habitants des ermitages du Mont Carmel.
Saint Brocard
Entre 1207 et 1214 les ermites qui continuaient à vivre en ces lieux avaient pour chef Brocard. Celui-ci demanda à Saint Albert, Patriarche de Jérusalem de rédiger pour ses frères une règle qui confirmerait leur genre de vie et une reconnaissance officielle de l’autorité ecclésiastique.
Saint Albert de Jémsalem.
Saint Albert vit le jour en Italie vers le milieu du XII siècle. Élu prieur des chanoines réguliers de Sainte Croix de Mortara en 1180, il fut nommé évêque successivement de Bobbio. Verceil et fut enfin désigné pour le siège patriarcal de Jérusalem. Il est bon de mentionner qu’il participa à l’élaboration des règles de plusieurs instituts religieux. Sans faire à proprement partie de l’Ordre du Carmel Saint Albert y joua un rôle prépondérant en invitant les Frères du Mont Carmel à vivre "In obsequlo Iesu.Christi". Il rédigea la Règle en se conformant à la tradition multiséculaire de ces ermites tout en y mettant un cachet personnel. Saint Albert mourut à Saint Jean d’Acre assassiné à coup de couteau par le Maître de l’hôpital du Saint Esprit qu’il avait déposé et publiquement réprimandé.
Saint Simon Stock
"Fleur du Carmel" cet hymne d’action de grâces à la Reine et beauté du Carmel jaillit du cœur de ce fils du Carmel après avoir reçu le don inappréciable du Saint Scapulaire. Il va de soi que ce n’est pas par hasard que nous voyons Saint Simon Stock placé au niveau de la main droite de Marie qui offre le Saint Scapulaire à ce général de l’Ordre qui se trouvait affronter alors avec tout l’Ordre des Frères de la Vierge à d’immenses difficultés et en but à tant d’incompréhensions. Simon Stock est l’un de ces ermites du Mont Carmel qui avec le Prieur Générai Alain le Breton s’embarquèrent pour l’Europe lors de l’invasion sarrasine. Il revint sur sa terre natale en Angleterre avec ce groupe. Il fut nommer ensuite Prieur Générai de l’Ordre. Bien que reconnu par l’autorité pontificale la résistance contre ce nouvel Ordre fut immense. C’est alors que l’Ordre se trouvait dans une situation presque désespérée qu’intervint personnellement la Mère de Dieu. C’est sous le généralat de Saint Simon Stock que fut proposer une adaptation de la Règle au nouveau contexte de vie en Occident.
Sainte Thérèse
Notre Mère Sainte Thérèse aimait à rappeler souvent que les carmes et les carmélites étaient à part entière fils de Marie. Sur le parchemin qu’elle porte nous pouvons lire “que tout soit pour le Service du Seigneur et l’honneur de l’Habit de Sa Mère”. Elle voulait que ses filles et fils soient vraiment conscients de la grâce immense qui leur était fait de porter l’Habit de la Mère de Dieu gage de salut. Mais ce privilège demande une réponse de ceux qui en jouissent: l’exigence d’une vie qui se doit en tout ressemblante autant qu’il est possible à celle de la Reine du Carmel “de qui nous portons l’Habit”. En portant ce Saint Habit nous sommes en effet “appelées à l’oraison et à la contemplation” dans le silence et la solitude à l’exemple de la Mère de Dieu. Tout au long de ses écrits et de ses lettres Notre Sainte Mère ne cesse de rappeler que nous appartenons à l’Ordre de la Vierge: “Je n’ai d’autre remède sinon celui de me fier aux mérites de Son Fils et de la Vierge Sa Mère de qui nous portons l’habit bien que nous en soyons indignes."
Saint Jean de la Croix
“La Très Glorieuse Vierge Marie fut en tout mue par l’Esprit Saint”. D’après notre Saint Père, Marie est le modèle parfait de cette parfaite disponibilité en tout lieu et en tout temps aux inspirations de l’Esprit Saint. Cela ne pourra être possible qu’en passant par de profondes purifications qui disposeront l’âme à agir selon Dieu et non selon ses goûts et fantaisies. Ce n’est que dans la nudité de l’esprit en passant par le rien que nous pouvons gravir les pentes du Mont Carmel et parvenir au sommet où ne règne que la Gloire de Dieu. Ainsi comme Marie notre Mère et modèle “qui n’eut jamais dans son âme l’impression quelconque d’une créature qui pût la détourner de Dieu” nous serons toutes disponibles comme Elle aux inspirations de l’Esprit Saint”.
1. Les textes soulignés sont ceux qui sont inscrits sur les manuscrits que portent les saints.