Page d'accueil Nos saints
Elisabeth et la Bible
Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

Ecrit par P. Valéry Bittar OCD

1. La Parole de Dieu au Carmel
L’Ordre du Carmel plonge ses racines dans l’expérience d’un personnage biblique : Elie, le type du chercheur de Dieu dans le silence et la solitude ; il est «l’homme de Dieu, qui avait vraiment dans la bouche la parole du Seigneur » (1R 17,24). Les premiers Carmes se retiraient sur le mont Carmel pour reprendre et renouveler la vie du prophète dans la soumission à la Parole de Dieu et l’engagement à ses exigences. Ils se consacrèrent à «méditer jour et nuit la loi du Seigneur» 1.
Les traits de la personnalité d’Elie ont influé la spiritualité carmélitaine «qui s’est axée sur la recherche de Dieu dans la simplicité de vie et l’écoute de la Parole» 2. De même, la figure de Marie mère et sœur était un modèle de vie, dans son ouverture à Dieu, son écoute de la Parole dans l’Écriture et dans la vie (Lc 11,27-28). Marie, qui vivait les exigences de la Parole dans sa vie quotidienne et dans les grands événements, garde et médite tout dans son cœur. Dans la Règle de saint Albert apparaît d’une manière claire les racines bibliques de toute la spiritualité carmélitaine. La Règle fait un usage fréquent de la Bible, elle incite au travail, au silence et surtout à l’écoute orante et contemplative de la Parole de Dieu ; c’est ainsi que les premiers ermites ont vécu à l’écoute de la Parole et ont éprouvé son efficacité et ses exigences «qui se résument dans la marche à la suite de Jésus» 3. Ils trouvent en elle un moyen pour se concentrer sur Dieu comme l’Unique Absolu en grandissant dans la vie théologale, purifiant leur foi, nourrissant leur espérance et croissant dans l’amour.

2. Elisabeth et la Parole de Dieu
Enracinée dans la longue tradition du Carmel, Elisabeth vivait en aimant la Bible, la lisant et la priant. Avant de la lire, elle commençait à en vivre, puis en la lisant, elle trouvait en elle la source fraîche, la lumière claire et le feu vivifiant. Enfin cette lecture débouchait chez elle dans une prière intense où elle entrait en communion plus profonde avec le mystère du Christ son Maître.

En tant que musicienne, Elisabeth est une femme à l’écoute, son vocabulaire s’enrichit d’expressions empruntées au domaine de l’ouïe : écouter, faire silence pour écouter ce qui se chante dans l’âme du Christ, faire de la musique… 4 Elisabeth est une femme qui ne cesse de réunir ses forces pour que sa lyre vibre à l’unisson et pour que sous les touches du Maître elle puisse faire sortir des harmonies divines. Elle a su réunir ses puissances autour de la Parole du Maître pour lui être une véritable louange de gloire (DR 3). Elle écoutait la vérité révélée et se laissait instruire en toutes circonstances : «O Verbe éternel, Parole de Dieu, je veux passer ma vie à vous écouter, je veux me faire tout enseignable afin d’apprendre tout de vous » (NI 15).

Dans le même contexte elle écrit au père Chevignard : «N’avez-vous pas cette passion de l’écouter ? Parfois c’est si fort, ce besoin de se taire, on voudrait ne plus savoir faire autre chose que de demeurer comme Madeleine, ce beau type de l’âme contemplative, aux pieds du Maître, avide de tout entendre, de pénétrer toujours plus loin en ce mystère de charité qu’il est venu nous révéler » (L 158). Sans doute, être à l’écoute exige le silence. Elisabeth est aussi une femme de silence : «je me tais, je l’écoute […] c’est si bon de tout entendre de lui » (L 168).

À bien noter qu’Elisabeth avait accès à l’Ecriture grâce au Manuel du chrétien qui contenait le Nouveau Testament, les Psaumes et l’Imitation de Jésus Christ. Donc, elle avait le NT à sa disposition mais elle n’avait pas un contacte avec l’AT, mis à part les Psaumes, sauf certaines citations puisées de ses lectures. N’oublions pas qu’à l’époque les études bibliques connurent un tournant décisif, ce qui provoquait la parution de l’encyclique Providentissimus Deus par le pape Léon XIII, le 23 novembre 1893. Il s’ensuit des positions fermées et des réactions de défense de la part de l’autorité. L’Église, donc, garde sur la Bible une vue très restreinte à cause de ce contexte polémique. Du coup, l’AT est inaccessible aux catholiques et le NT devient une mine d’arguments contre les adversaires 5.

Au cœur de cette situation, Elisabeth va puiser dans la Parole de Dieu sa nourriture. On constate qu’Elisabeth possède bien le NT et le laisse déborder avec les grandes perspectives de sa vision contemplative «même si elle n’a pas retenu tous les aspects de la Parole de Dieu, mais elle s’est fait l’interprète de quelques idées-forces» 6 .

On trouve dans sa pensée une dépendance de la Parole de Dieu que certaines lettres ne sont plus qu’une suite de références, elle construit sa doctrine en se laissant façonner par la Parole de Vie. Sans doute elle ne se contente pas de citer et de copier, tout au contraire elle devient tellement perméable à la Parole qu’elle nous transmet l’essentiel à travers toute sa personne, sa sensibilité et son intelligence. Le père Conrad de Meester considère qu’Elisabeth fut une pionnière dans la redécouverte de l’Écriture comme charte de vie chrétienne, l’Esprit développa dans son cœur un charisme particulier pour comprendre du dedans, goûter, vivre les magnifiques desseins d’amour divin que l’Écriture dévoilaient devant ses yeux émerveillés 7 . Sans doute ses préférés sont s. Paul et s. Jean et c’est à travers eux qu’elle puise sa doctrine et son message. Nous allons concentrer notre attention sur le rapport qu’avait Elisabeth avec s. Paul car il a marqué de plus son itinéraire, sa spiritualité et sa propre vocation.

3. Elisabeth et saint Paul
Nous pouvons facilement noter l’affinité intérieure qu’eut Elisabeth avec saint Paul, nous pouvons parler d’un message revêtu du langage paulinien8. La richesse paulinienne de son langage est en rapport direct avec la richesse christologique de son message et de son expérience. Elle aime en saint Paul le passionné du Christ, «saint Paul qui pénétra si loin le secret caché au cœur de Dieu dès les siècles » (DR 6). Saint Paul le moraliste et l’organisateur est absent de ses préoccupations. La jeune carmélite ne prétend pas faire une exégèse articulée des textes pauliniens, elle se sert des textes longuement médités qui expriment ses intuitions et ses certitudes, vu sa spiritualité.

3.1 Une louange de gloire
La grande découverte qu’Élisabeth a faite à la suite de sa méditation des textes de saint Paul c’est sa vocation d’être une louange de gloire divine. Rarement dans l’histoire de la spiritualité quelqu’un s’est reconnu dans la certitude et l’enthousiasme comme une laudem gloriae. Elle écrit à l’abbé Chevignard : «voulez-vous […] me consacrer à la puissance de son amour pour que je sois en vérité laudem gloriae; j’ai lu cela dans saint Paul et j’ai compris que c’était ma vocation » (L 250). Elle évoque ici le texte de saint Paul dans la lettre aux Ephésiens 1,11-12 : «C’est en lui encore que nous avons été mis à part, désignés d’avance, selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa volonté, pour être à la louange de sa gloire ». Cette expression est comme le fil conducteur de toute sa spiritualité exprimée d’une manière prestigieuse dans sa Dernière retraite qui montre une spiritualité personnelle et mûre. Elisabeth comprend elle-même comme impliquée dans le grand projet divin, elle voit clairement dans l’initiative divine, un appel adressé à elle personnellement. Elle voit la finalité universelle dans le mystère du Christ. Elle personnalise cet appel et elle se trouve poussée pour répondre d’une manière consciente et totale. La richesse de la grâce de Dieu est dans le Christ et elle a un très grand pouvoir envers nous croyants ; Elisabeth se trouve dans sa personne interpellée et actuellement impliquée dans l’immense projet divin (CF 10,2).

Une louange de gloire est une personne introduite déjà dans «le ciel de la gloire », elle réalise le projet de Dieu qui est en œuvre. Elisabeth nous montre une nette continuité entre la dimension terrestre et celle céleste qui définissent le dynamisme unitaire et de l’appel divin et de la réponse humaine : «Au ciel de la gloire les bienheureux n’ont pas de repos ni jour ni nuit, disant : Saint, Saint, Saint le Seigneur Tout-puissant […] dans le ciel de son âme la louange de gloire commence déjà son office de l’éternité » (CF 44). Elisabeth est consciente qu’elle porte en elle le ciel car elle peut rencontrer Dieu qui vit et aime dans sa personne, c’est ce qu’elle appelle «le ciel de l’âme » : « Coeli enarrant gloriam Dei (les cieux racontent la gloire de Dieu) voilà ce que racontent les Cieux : la gloire de Dieu. Puisque mon âme est un ciel où je vis en attendant la Jérusalem céleste, il faut que ce ciel chante aussi la gloire de l’Eternel, rien que la gloire de l’Eternel » (DR 17).

Dans son langage personnel, Elisabeth reprend un thème principal dans la spiritualité de S. Paul : d’une part, l’hérédité céleste et glorieuse9 ne serait pas une nouveauté absolue, mais la plénitude des richesses divines déjà en œuvre dans les baptisés ; d’autre part, la grâce du Christ accordée dans le présent est une promesse solide et vitale de la future condition glorieuse . Elle répond d’une manière parfaite à l’exhortation de S. Paul de «mener une vie digne de Dieu qui vous appelle à son Royaume et à sa gloire»10 .

3.2 Etre un miroir qui reflète Dieu
Voilà la seconde intuition que l’on peut saisir dans CF 10,2 qui est strictement liée à la précédente : «Au ciel chaque âme est une louange de gloire au Père, au Verbe, à l’Esprit Saint, parce que chaque âme est fixée dans le pur amour et ne vit pas de sa propre vie, mais de la vie de Dieu ».

On note qu’Elisabeth, dans son projet d’être une louange de gloire, tend à vivre de la vie même de Dieu, il y a une référence claire au texte de 1Cor 13,12, un texte qui appartient à l’hymne à la Charité. L’Apôtre décrit la perfection céleste de la charité avec cette assertion : «la charité ne passe jamais ». Donc, dans le signe de la charité, participation vitale à l’amour de Dieu, Elisabeth prospecte cette continuité vitale et dynamique entre «présent » et «futur » entre «le ciel de l’âme » et «le ciel de la gloire ». Dans le signe de la charité, elle propose l’office sacré, et terrestre et céleste, d’une «louange de gloire ». Elisabeth tend à être déjà sur la terre belle de la beauté de Dieu, lumineuse de la lumière de Dieu11.

Elle a l’intention de commenter Ep 1,11-12 et 2Cor 3,18 où l’Apôtre parle de l’image divine qui s’imprime dans les baptisés et les transforme de splendeur en splendeur, elle écrit : «Une louange de gloire, c’est une âme qui fixe Dieu dans la foi et la simplicité ; c’est un réflecteur de tout ce qu’il est ; c’est comme un abîme sans fond dans lequel il peut s’écouler, pour rayonner et contempler toutes ses perfections et sa splendeur. Une âme qui permet ainsi à l’Etre divin de rassasier en elle son besoin de communiquer tout ce qu’il est et tout ce qu’il a, est en réalité la louange de gloire de tous ses dons » (CF 10,2). Elisabeth tend à exprimer le Christ aux yeux du Père. À partir de Ep 1,4 12, elle voudrait accomplir sa mission en se laissant envahir par l’amour de Dieu : « Pour remplir dignement mon office de Laudem gloriae je dois me tenir à travers tout – en présence de Dieu – plus que cela : l’Apôtre nous dit “in Charitate ”, c’est à dire en Dieu ». L’appel d’être louange de gloire se réalise progressivement comme une prospérité de l’amour de Dieu dans l’âme, cette présence de Dieu vivant se concrétise comme la grâce immense de l’adoption filiale en Jésus Christ. Le Christ est la splendeur du Père, il révèle toutes les richesses du Père, une louange de gloire est «entée en Jésus Christ », et c’est Dieu le Père qui l’appelle en Jésus, «la parfaite louange de la gloire de son Père » (DR 6). S’identifier au Christ c’est l’engagement spécifique d’une louange de gloire. Elle comprend à l’école de Paul que le Père, qui la veut à sa présence comme louange de gloire, veut compléter en elle l’image de son Fils. Elle comprend que son rôle est de laisser le Christ croître en sa personne pour pouvoir répéter les paroles de Ga 2,20 : «Et si je vis, ce n’est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi ».

3.3 La charité divine
Elisabeth, éblouie par le mystère de l’amour divin que lui révèle la Parole de Dieu, voit en S. Paul l’Apôtre «qui ne prêche pas autre chose que ce mystère de la charité du Christ » (L 191) ; « c’est donc près du grand Apôtre que je vais m’instruire afin de posséder cette science qui, selon son expression, dépasse toute autre science : la science de la charité du Christ Jésus » (DR 29).

Cette parole de S. Paul résume toute sa vie. Elle écrit à sa mère : «Oh, vois-tu, il y a un mot de s. Paul qui est comme un résumé de ma vie, et que l’on pourrait écrire sur chacun de ses instants : Propter magnam charitatem. Oui, tous ces flots de grâces, c’est “parce qu’il m’a trop aimée” » (L 280) ; et à sœur Marie-Philippe : « oh ! Qu’il est doux d’être sienne ! Voilà cinq ans que je suis prisonnière de son amour, et chaque jour je comprends mieux mon bonheur […] il a trop aimé, dit saint Paul, et n’est-ce pas poussé par ce trop grand amour qu’il nous a élevées jusqu’à la dignité d’épouse ? » (L 303).

Ce trop grand amour dont parle la lettre aux Ephésiens soutient Elisabeth dans ses moments douloureux, où son existence devient centrée sur la souffrance : «Quand une grande souffrance ou un tout petit sacrifice se présente à nous, oh, pensons bien vite que “c’est notre heure”, l’heure où nous allons prouver notre amour à Celui qui nous a “trop aimés”, dit saint Paul » (L 308 à sa mère). Donc, Elisabeth, avec une constance inépuisable, s’en tient à la Parole révélée qui lui apprend à mesurer la souffrance avec son poids d’amour, «au dolorisme, elle oppose la confiance, à la crainte elle préfère l’amour»13 .

Sa foi inébranlable à l’amour divin lui porta loin dans l’amour des Trois, dans sa maladie et ses souffrances elle touchait la «lumière éblouissante ». Dans une lettre à Marthe Weishardt elle écrit : «Déjà dans la nuit de la foi, les unions sont si profondes, les étreintes si divines ! Que sera-ce, dans ce premier face à face, dans la grande clarté de Dieu, de cette première rencontre avec la Beauté divine ! Ainsi je vais m’écouler dans l’infini du mystère et contempler les splendeurs de l’Etre divin » (L 332). Dans la lettre 252, elle exprime bien que toute la doctrine de l’amour est renfermée dans ces quelques mots : « il m’a aimé, il s’est livré pour moi » parce que l’amour « pour être vrai doit être sacrifié » (L 278). À la lumière de cette parole, Elisabeth éclaire son choix personnel, le choix de la croix, de l’immolation et la donation ; c’est le signe palpable de l’amour «l’amour ne se paie que par l’amour » (L 261). Ressemblance au Christ, amour efficace, qui trouve son terme dans la donation totale. C’est ainsi qu’Elisabeth aura sa manière de méditer le mystère de la souffrance à partir de l’Ecriture «dans une perspective d’amour et de conformité avec le Seigneur»14.

À la lumière de la foi, Elisabeth cherche un sens à ses souffrances durant les derniers mois de sa vie, elle «meurt chaque jour » pour faire la place à son maître (CF 12), elle répète l’expression de saint Paul dans 1Cor 15,31 : « Chaque jour je suis à la mort ». C’est à la lumière de la Parole de Dieu qu’elle vit l’épreuve de sa maladie, elle voit dans ce travail de « destruction » un échange extraordinaire car elle voit que le terme de cette mort c’est « la vie de Dieu mise à la place de notre vie de péché et de misère » (GV 2-3).

4. Le model marial Elisabeth a découvert la figure de Marie dans les pages de l’Écriture et non pas dans la littérature théologique. Elle voit en Marie la louange parfaite à la gloire de Dieu le Père après Jésus, à travers Marie, elle s’approche du mystère de la Trinité et elle décrit cela dans deux textes fondamentaux CF X et DR XV. Pour Elisabeth, Marie est avant tout la Virgo fedelis, la Vierge fidèle «celle qui gardait toutes choses en son cœur ». Elle exprime son admiration pour la Vierge par ces paroles : « Nul n’a pénétré le mystère du Christ en sa profondeur, si ce n’est la Vierge. Jean et Madeleine ont lu bien loin dans ce mystère, saint Paul parle souvent de “l’intelligence qui lui en a été donnée ”, et pourtant comme tous les saints restent dans l’ombre quand on regarde aux clartés de la Vierge !… » (DR 2). Elisabeth médite la figure de Marie comme l’expression parfaite de sa propre vocation et à la lumière de sa propre expérience, l’expérience de la souffrance, de l’abandon, de l’amour et le désir de la configuration au Christ.

Tout cela est le résultat de sa méditation lumineuse et profonde de certains textes bibliques qui ouvra la porte du mystère. En découvrant sa vocation comme louange de gloire, comme adoratrice du mystère de la Trinité, elle découvre et expérimente parallèlement la figure de Marie «la réalisation parfaite de sa propre vocation»15 .

Elle préfère voir en Marie le silence et le recueillement, la parfaite louange de gloire de son Fils et de la sainte Trinité, la Vierge de l’Incarnation qui adore le Verbe en son sein. Séduite par ce mystère, Elisabeth demande à l’Esprit Saint de l’envahir pour actualiser en elle l’Incarnation : «O feu consumant, Esprit d’amour survenez en moi, afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe » (NI 15).

La découverte de Marie dans sa profondeur théologique augmenta avec la croissance et la maturation spirituelle d’Elisabeth. La lecture et la méditation des textes de S. Paul la préparaient peu à peu à une telle découverte. Elisabeth entre dans l’attitude spirituelle de Marie, dans sa communion d’amour avec Dieu, dans le monde dans lequel se réalisa sa mission, Marie est la demeure de Dieu, enrichie des dons de la grâce. Marie accueille le Verbe dans son sein et l’adore en esprit et vérité (Jn 4,33).

Marie femme de prière conserva tout dans son cœur, elle est la Vierge qui adore et qui prit (Lc 2,51). Pour Elisabeth, l’attitude de Marie de l’Annonciation à la Nativité est l’exemple de toutes les âmes contemplatives, attitude d’amour qui rend précieuses même les choses les plus banales (CF 40 ; L 183). Marie est la première et la parfaite disciple du Christ (Marialis cultus, 35). Marie est aussi la mère qui peut modeler l’âme de sa petite fille à l’image de Jésus, elle va apprendre Elisabeth à souffrir comme Lui : «pour me faire entendre ces derniers chants de son âme que nul autre qu’elle, sa Mère, n’a pu surprendre » (DR 41). Marie enfin est la Janua coeli, la porte du ciel, qui va introduire Elisabeth dans les parvis divins.

5. Conclusion
Ce qui est exceptionnel chez Elisabeth dans son rapport avec la Bible, c’est la manière avec laquelle elle goûte la Parole. En tant que contemplative elle se dirige vers l’essentiel pour savourer le sens profond et entrer en communion avec le Dieu vivant trois fois Saint : «Elisabeth contemple la Parole comme on ferait tourner un beau joyau entre ses doigts pour en admirer les reflets»16. Le Pape Jean Paul II dans son homélie le jour de sa béatification affirme clairement qu’à «notre humanité désorientée qui ne sait plus trouver Dieu ou qui le défigure, qui cherche sur quelle parole fonder son espérance, Elisabeth donne le témoignage d’une ouverture parfaite à la Parole de Dieu qu’elle a assimilée au point d’en nourrir véritablement sa réflexion et sa prière, au point d’y trouver toutes ses raisons de vivre et de se consacrer à louange de sa gloire ».

Sigles des écrits d’Elisabeth utilisés dans cet article

CF : Le Ciel dans la foi
DR : Dernière retraite
GV : La grandeur de notre vocation
L : Lettres
NI : Notes intimes

1 Cf. Règle de s. Albert.
2 Cf. C. MACCISE, « Les racines bibliques de la spiritualité carmélitaine », La splendeur du Carmel 5 (1994) 3. 3
Cf. MACCISE, « Les racines », 9.
4 Cf. P.-M. FEVOTTE, Aimer la Bible avec Elisabeth de la Trinité, Paris 1991, 29.
5 Cf. FEVOTTE, Aimer la Bible, 38-39.
6 Cf. FEVOTTE, Aimer la Bible, 45.
7 Cf. ELISABETH DE LA TRINITE, Œuvres complètes, Cerf, Paris 1991, 24.
8 Cf. G. HELEWA, «La teologia di Paolo nell’esperienza mistica di Elisabetta», in L’esperienza mistica di Elisabetta della Trinità, Napoli 1987, 53.
9 Cf. Rm 5, 1-5; 8, 14-39; Ep 1, 3-14; Col 3, 1-4.
10 1Th 2, 12.
11Cf. HELEWA, «La teologia di Paolo», 62.
12 « Ne nous avait-Il pas élus en Lui dès avant la fondation du monde, pour être saints et sans tache à ses yeux dans l’amour ? »
13 Cf. FEVOTTE, Aimer la Bible, 56.
14 Cf. FEVOTTE, Aimer la Bible, 73.
15 Cf. E. LLAMAS, «Messaggio mariano di Sr. Elisabetta della Trinità», in L’esperienza mistica di Elisabetta della Trinità, Napoli 1987, 186.
16 Cf. FEVOTTE, Aimer la Bible, 139.

Saint
Joseph Epoux de la V. Marie

Sainte
Thérèse de Jésus (d’Avila)

Saint
Jean De La Croix

Sainte
Thérèse de l’Enfant Jésus de la Sainte Face

Sainte
Thérèse-Bénédicte de la Croix

Sainte
Marie de Jésus Crucifié

Sainte
Elisabeth de la Trinité

Bienheureuse
Thérèse Marie de la Croix

Saint
Raphael Kalinowski

Bhx. Fr.
Marie-Eugène de L'Enfant Jésus

Autre Saints

les Saints du Carmel

Carmel Kids